Bartók Intégrale quatuors à cordes

Après l'intégrale des quatuors à cordes de Beethoven en 2020, le Quatuor Stanislas présente  les 6 quatuors de Béla Bartók, un  véritable monument du XXème siècle édifié  entre 1909 et 1939.

Enregistrée en concerts de 2006 à 2024 salle Poirel à Nancy, cette publication intervient à l'occasion des 40 ans du Quatuor Stanislas, qui s'inscrit désormais dans le cercle restreint des quatuors ayant gravé  au disque à la fois  l' intégrale des quatuors de Beethoven et celle de Bartók.

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Forgotten Records fr 2387/8/9

After the complete Beethoven string quartets in 2020, the Quatuor Stanislas presents another monument, Béla Bartók's 6 quartets, written between 1909 and 1939.

Recorded in concert from 2006 to 2024 at the Salle Poirel in Nancy, this publication marks the 40th anniversary of the Quatuor Stanislas, which now joins the select circle of quartets to have recorded the complete quartets of Beethoven and Bartók.

 

Revue de presse: 

MusicWeb International ( UK / Juillet 2025)

Le cycle des six quatuors à cordes de Bartók est incontournable. Comme ceux de Haydn et Beethoven, ils couvrent presque toute sa vie créatrice. Ce sont des compositions magistrales et novatrices dans leur sonorité et leur harmonie. Nous avons toujours eu la chance qu’ils soient disponibles dans d’excellentes interprétations ; en fait, chaque décennie depuis la guerre a produit au moins un enregistrement de référence.

Le cycle du Quatuor Stanislas vient d’être publié par Forgotten Records et regroupe des interprétations en concert enregistrées sur une période de dix-huit ans. Basé à Nancy, en France, l’ensemble doit probablement son nom à Stanislas Ier, dernier duc de Lorraine (Nancy étant la ville principale de la région), roi de Pologne exilé dont le séjour à Nancy, dans les années 1750, fut marqué par un grand essor culturel et intellectuel.

Le Quatuor Stanislas a produit de nombreux enregistrements au fil de sa longue carrière, explorant souvent des répertoires rares et intéressants, comme Sauguet et Ropartz. Pour Forgotten Records, ils ont réuni une belle collection mêlant œuvres originales et plus classiques. Nous avions d’ailleurs salué leur intégrale Beethoven lors de sa parution, il y a cinq ans.

J’ai toujours adoré Bartók. De Kossuth (1903) au Concerto pour alto (1945), son catalogue regorge de trésors, et je pourrais défendre sans hésiter au moins 25 de ses œuvres comme de purs chefs-d’œuvre. Originaire de Manchester, j’ai vite découvert son lien avec la ville : à 22 ans, il y fut invité par Hans Richter en 1904 pour une exécution de Kossuth avec le Hallé Orchestra. Il y joua aussi au piano et passa quelques jours à Didsbury, interprétant son Quintette avec piano pour un cercle éclairé de mélomanes. Il revint même l’année suivante, voyageant des plaines hongroises jusqu’au Lancashire profond.

Ses œuvres de jeunesse sont encore marquées par Brahms, Reger et Strauss, comme on pouvait s’y attendre. Mais dès 1908, avec son premier quatuor, il avait assimilé d’autres influences grâce à son ami Zoltán Kodály. La découverte de Debussy fut déterminante, et son intérêt croissant pour l’ethnomusicologie devint bientôt une passion dévorante. Bartók voyagea à travers l’Europe et jusqu’en Afrique du Nord pour collecter des chants populaires, qu’il enregistrait parfois au phonographe.

Le Quatuor n°1 date de 1908. Le suivant fut écrit entre 1915 et 1917, en pleine guerre. Le troisième, en 1927, marque un tournant : Bartók avait déjà composé ses grandes œuvres scéniques, expérimenté le chromatisme dans ses sonates pour violon, et écrit la Suite de danses. Après une période de silence créatif, ce difficile troisième quatuor précéda de peu le Concerto pour piano n°1. Le quatrième suivit rapidement en 1928, puis le cinquième en 1934. Entre 1936 et 1939, Bartók donna encore Musique pour cordes, percussion et célesta, la Sonate pour deux pianos et percussion, Contrastes et le Concerto pour violon n°2. Son ultime quatuor fut composé juste avant son exil aux États-Unis, à l’automne 1940.

Pour cette critique, j’ai associé chaque quatuor du cycle Stanislas à un enregistrement de référence de ma discothèque. Je dois être honnête : dans les six cas, j’ai préféré mes versions de comparaison. Néanmoins, j’ai sincèrement apprécié les lectures du Quatuor Stanislas et je suis heureux d’avoir passé une semaine entière en leur compagnie.

Pour le Quatuor à cordes n°1, je suis revenu au Quatuor Takács dans leur enregistrement acclamé chez Decca, réalisé durant l’été 1996. Le son Decca a toujours été superbe sur ces disques et il reste éblouissant à mes oreilles. Les Takács gèrent parfaitement le long premier mouvement, avec ses lignes empreintes de douleur et de nostalgie. Leur sonorité est pleine et riche, vibrant littéralement de passion. Bien sûr, nous savons qu’au moment de composer cette œuvre, la relation de Bartók avec Stefi Geyer venait de se rompre, ce qui l’affecta profondément, à l’évidence. Le Quatuor Stanislas peint un tableau passionné, plein de cœur et de conviction. Laurent Causse n’a pas peur d’user de vibrato, et le violoncelle de Jean de Spengler assume pleinement le rôle de cœur meurtri.

Le premier quatuor est une œuvre qui va de l’ombre vers la lumière. Le deuxième mouvement, allegretto, est plein de détours et peut sembler assez décousu dans certaines interprétations, ce que je ressens ici avec les Stanislas. Bien qu’il soit joué assez lentement, le flux est au moins maintenu tout du long, et la finition tonale est impressionnante. Lorsqu’ils passent au finale, ouvert par les méditations du violoncelle entouré par l’excitation des voix aiguës, les Stanislas montrent une belle cohésion d’ensemble. Quand la danse rustique démarre enfin, on y trouve de jolis détails et quelques touches de génie. Les Stanislas n’ont pas peur de s’attarder et de créer des effets particuliers. La concision nouvelle de Bartók et sa palette tonale influencée par l’école française sont mises à profit avec grand art dans ce mouvement. On y entend aussi sans filtre les chants populaires au style pentatonique magyar qu’il collectait et dans lesquels il s’immergeait chaque soir. Ce finale de 1908 est sans doute le plus grand moment de musique que Bartók ait écrit jusque-là dans sa vie.

Aussi accomplie soit-elle, l’interprétation des Stanislas ne peut rivaliser avec la splendide version des Takács, vieille de près de trente ans. Le son aérien, combiné au tempo plus rapide des deuxième et troisième mouvements, apporte une concentration qui me manque dans la version plus récente. Les rythmes martelés y sont aussi plus sauvages, et les tensions un peu plus brûlantes. Le timing global des Takács est plus de trois minutes et demie plus court.

Le n°2 est peut-être le quatuor à cordes le plus accessible de Bartók. Sa forme est en trois mouvements, comme le premier, et suit un schéma lent-rapide-lent. J’ai choisi de me tourner vers le Quatuor de Tokyo chez DG pour cette œuvre. C’était le premier qu’ils ont enregistré dans leur cycle primé. Cela remonte à 1975, même si l’ensemble complet ne fut connu de la plupart d’entre nous qu’en 1981. Dans cette pièce, on entend les derniers échos du Bartók post-romantique. C’est une œuvre passionnée, très personnelle, et j’ai toujours apprécié le soin et la précision que le Quatuor de Tokyo y met. Ils choisissent des tempi amples et font preuve d’une grande sensibilité dans les mouvements extrêmes. Le vieux son DG paraît un peu daté aujourd’hui, mais ceux d’entre nous qui ont « découvert » ces pièces avec ces interprètes ne s’en plaindront pas. Bien sûr, depuis 1981, beaucoup de versions de ce quatuor ont vu le jour, techniquement tout aussi accomplies et souvent bien plus dramatiques rythmiquement. Je concède que le Quatuor Stanislas, dans leur plus ancien enregistrement du coffret (2006), livre une interprétation fougueuse de cette œuvre essentielle. Le premier mouvement possède un joli balancement rythmique et une montée en tension maîtrisée. La structure de Bartók n’est pas révolutionnaire, et les principes de la sonate s’y reconnaissent aisément. Thématiquement, l’œuvre est accessible, et ces thèmes tendus, à la recherche de quelque chose, sont phrasés avec finesse par ces superbes musiciens français, offrant un jeu de quatuor distingué dans cette première partie. L’aspect terrien des motifs rapides et acérés du scherzo est particulièrement mis en valeur par les Stanislas. Plus vivant et urgent que la vieille lecture du Quatuor de Tokyo, cela en impressionnera beaucoup, j’en suis sûr. Leur trio, sensuel et sans longueur, reste aussi marquant. Le dernier mouvement lento possède cette atmosphère triste, nostalgique, de temps de guerre, que j’entends dans des œuvres britanniques de la même époque, écrites durant les années de tranchées. Les Hongrois menèrent une campagne épuisante sur le front de l’Est, dans des conditions tout aussi terribles qu’à l’Ouest. Bartók devait lire chaque jour les nouvelles concernant ses compatriotes sur le front de l’Isonzo, et je perçois cela dans ce finale, une réponse musicale peut-être comparable à celles écrites par Vaughan Williams et d’autres en ces temps. Cette interprétation des Stanislas est, je crois, l’une des plus belles du coffret.

Le Quatuor n°3 de Bartók est sévère et sans compromis. Il est écrit de façon très concentrée et la plupart des interprétations durent autour de quinze minutes. Bien que la musique soit continue, on peut supposer qu’on pourrait la découper en quatre parties, dans un schéma lent-rapide-lent-rapide. J’ai ressorti un coffret sous-estimé du Quatuor Hagen chez DG, enregistré en deux sessions au milieu et à la fin des années 1990 et publié (mais brièvement) vers 2000. Les deux ensembles se ressemblent dans la prima parte, mais les Hagen sont plus vifs dans la seconda plus animée. La coda finale débute, on le sait, avec un jeu d’archet sul ponticello. Mais en vérité, toutes sortes d’effets sonores avaient déjà été employés avant dans cette œuvre novatrice. Tout est intense et haletant. Les Hagen donnent à la pièce ce qu’elle exige, en tirant parti de sa modernité, et leur virtuosité est manifeste. Le Quatuor Stanislas est enregistré de très près dans cette œuvre. La sonorité met bien en valeur le spectre tonal remarquable que les musiciens créent, mais c’est un peu trop brillant et direct. Les cellules thématiques écrites par Bartók sont souvent courtes et brèves, de quelques notes seulement. C’est ce qu’il en fait qui est impressionnant. J’ai apprécié d’entendre les motifs se transformer et s’épanouir dans la lecture plus mesurée des Stanislas pour la partie turbulente de la seconda parta et la calme ricapitulazione qui suit. Les voix intérieures, essentielles, sont également bien mises en avant. J’ai toutefois entendu des codas plus fluides et plus palpitantes – notamment, je dois le dire, dans ma version de comparaison.

Le Quatuor n°4 de Bartók utilise une structure en arche à cinq mouvements d’une belle symétrie. Le I est le miroir du V, le II de l’IV, tandis que le mouvement III est un exemple du style « musique nocturne » du compositeur. Pour mesurer au mieux les contrastes de cette œuvre, j’ai comparé le Quatuor Stanislas aux Emerson. Leur enregistrement chez DG a remporté le Gramophone “Record of the Year” en 1989. C’était l’un des premiers coffrets CD que j’ai achetés. Je me souvenais de leur n°4 comme étant rapide et furieux. Leur durée n’était que de 21:22. À comparer avec 25:31 dans le nouvel enregistrement.

Ces deux quatuors centraux sont faciles à admirer, mais difficiles à aimer. Les thèmes y sont dépouillés, rugueux, et l’énergie y est parfois implacable. Le premier mouvement est intransigeant ; j’en ressors toujours meurtri. Le deuxième, un scherzo, soulage un peu mais reste une écoute malaisée – encore rapide et implacable. Les mélodies, conçues chromatiquement, ne révèlent leurs richesses qu’au prix d’une tension permanente. Arrivé au plateau central, c’est un vrai soulagement. Le solo de Jean de Spengler pour le Quatuor Stanislas est, comme toujours, charnu et riche. C’est le Bartók que j’aime le plus. En redescendant le palindrome du quatuor, nous atteignons le deuxième scherzo, écrit entièrement en pizzicato. Enfin, les rythmes anguleux et bondissants du premier mouvement trouvent leur écho dans le dernier. Comme pour le Quatuor n°3, le son est vif et proche. L’ensemble n’est pas tout à fait aussi soudé dans le finale que dans les mouvements précédents ; néanmoins, le groupe s’y engage avec conviction et joue avec un dévouement total.

Le Quatuor Emerson, plus rapide dans les cinq sections de l’œuvre, ne semble jamais en difficulté. Leur son est focalisé, tranchant et coloré. Leur technique, tant admirée à l’époque, reste aujourd’hui encore immensément satisfaisante. Écoutez simplement ce deuxième mouvement spectral – un jeu éblouissant. L’ingénierie sonore est splendide également. Beaucoup de mélomanes ont sans doute découvert les quatuors grâce à ce coffret vénérable, et il doit assurément figurer parmi les meilleurs enregistrements des Emerson.

Pour le majestueux Quatuor n°5, j’ai choisi d’écouter les Stanislas en parallèle avec le coffret le plus récent que je possède, celui du Quatuor de Jérusalem chez Harmonia Mundi. Pour être juste, il n’est pas si récent : il a été enregistré en 2019 et son disque compagnon quatre ans auparavant. Mais ce sont pour moi des versions spéciales. Ce cinquième quatuor, datant de 1934, montre le compositeur en pleine forme, musicalement parlant. Ici abondent mélodie, couleur, vitalité et beauté de forme. Pour beaucoup, moi y compris, c’est le plus grand quatuor de Bartók. Comme le quatrième, il adopte une forme en arche : rapide-lent-scherzo-lent-rapide.

L’interprétation du Quatuor Stanislas, datant de 2023, est hautement accomplie et pleine de vitalité. Le premier mouvement, de style sonate ingénieux, est beethovénien dans sa vision et son intention, sinon dans sa construction « inversée ». L’adagio est rêveur et d’une grande inspiration tonale. Ils en livrent une exécution splendide, aussi fine que n’importe laquelle. Le scherzo central est marqué alla bulgarese. Il débute par de charmants arpèges virevoltant gaiement au-dessus d’une ligne de violoncelle en pizzicato. Le trio est un pur génie ; nul autre au XXᵉ siècle n’aurait pu écrire cette musique, imprégnée de tant d’éléments folkloriques, juxtaposés à une invention rythmique et une maîtrise harmonique aussi remarquables. Des dissonances et des ombres de « musique nocturne » hantent l’andante atmosphérique. Le Quatuor Stanislas adopte un tempo lent, laissant aux effets glacés le temps de résonner et de se construire progressivement, et cela fonctionne bien. On retrouve une démarche similaire dans le dernier mouvement, conçu à grande échelle pour refléter le premier. C’est en réalité un vaste rondo, mais l’intensité y croît d’une manière que Beethoven aurait reconnue, je crois. On peut se rappeler ici le chemin qu’il nous fait parcourir dans sa Cinquième Symphonie peut-être. Comme le Quatuor n°2, c’est l’un des joyaux du cycle du Quatuor Stanislas. Le Quatuor de Jérusalem joue également magnifiquement bien cette œuvre. La scène sonore raffinée que nous livre Harmonia Mundi est spacieuse, sans aucun gonflement ni accentuation artificielle. C’est une des choses que j’aime dans ce coffret. Leur cycle entier est d’une qualité très élevée, extrêmement soigné. Comme les Stanislas, ils prennent le temps de construire leurs effets. Je suis sûr que, malgré ses indications très précises concernant les tempi et minutages, Bartók aurait adoré le résultat final.

Le dernier Quatuor à cordes de Bartók ne vit pas le jour sans heurts. Son temps de composition fut un moment capital pour tous les Européens et aussi personnellement pour le compositeur et sa famille. Bartók s’y met à nu d’une manière unique dans son œuvre. C’est une pièce triste ; en fait, chacun des mouvements est précédé d’une devise intitulée mesto, développée à chaque fois différemment. C’est une œuvre d’une grande profondeur émotionnelle, et j’y entends un retrait résigné du monde, graduel au fil des quatre mouvements. Le dernier est absolument désespéré. Pour ma comparaison finale, j’ai choisi le Quatuor Belcea dans leur coffret EMI de 2007 face aux Stanislas. Les minutages sont presque identiques pour les trois premiers mouvements, mais le Quatuor Belcea est nettement plus rapide dans le finale. J’ai beaucoup apprécié les Stanislas encore une fois. J’ai certes entendu quelques problèmes d’intonation, notamment dans ce finale, mais leur lecture est touchante et profondément sincère. L’enregistrement EMI mérite aussi l’écoute. Les Belcea, à l’époque, étaient au sommet de leur art et formaient un ensemble d’une grande virtuosité. La prise de son est également excellente.

Toutes les interprétations du Quatuor Stanislas se concluent sous les applaudissements. Le public n’est pas trop envahissant, mis à part quelques toux. Il y a parfois de légers bruits de scène, mais rien de sérieux. Si vous souhaitez compléter votre discothèque et découvrir un nouvel éclairage sur ces œuvres incroyables, vous pourriez difficilement mieux faire.

Philip Harrison

 

 

 

Bartók’s cycle of six string quartets are must-know works. Like Haydn’s and Beethoven’s efforts in the genre they span almost his whole compositional life. They are masterful compositions and groundbreaking in their sonority and harmony. We have always been lucky that they have been readily available in excellent recordings; in fact, each decade of recorded history since the war seems to have produced at least one library choice.

The Quatuor Stanislas’ cycle has just been released on Forgotten Records and contains the works in live performances recorded over an eighteen-year period. They are based in Nancy in France and I assume that they are named after Stanislaus I, the last Duke of Lorraine (Nancy is the principal city of the region), the exiled Polish monarch whose tenure in Nancy brought a flowering of enlightenment and culture to the city around the 1750s.

The Stanislas has made many a record in its long partnership, often exploring interesting, rarer repertory like Sauguet and Ropartz. For Forgotten Records they have assembled a decent collection which includes the unusual and mainstream music. We reviewed their Beethoven set favourably when it came out five years ago.

I have always loved Bartók. From Kossuth in 1903 to the Viola Concerto of 1945 there are so many treasures and at least 25 individual works that I would argue with anybody are out-and-out masterpieces. As I was born near Manchester and grew up around the region, I soon discovered he had a connection to the city. As a twenty-two-year-old, he was invited to the Hallé in 1904 for a performance of Kossuth by the great Hans Richter. He played some piano works in the concert, too, and I believe spent several days in Didsbury being pampered and playing his excellent Piano Quintet with and for some enlightened Mancunians. He made the long journey from the Hungarian plains to darkest Lancashire the following season, too.

Bartók’s works of those days are heavily influenced by Brahms, Reger and Strauss, as you would expect. By 1908, however, when he penned his first quartet, he had discovered a wider range of influences, thanks to his friend Zoltán Kodály. Debussy’s music had a profound impact and his burgeoning interest in ethnomusicology was soon all-encompassing. Bartók travelled around Europe and even into North Africa collecting folk songs and often recording them on his phonograph.

String Quartet No. 1 dates from 1908. The next quartet was written between 1915 and 1917, war years in Europe. Bartók’s String Quartet No. 3 is from ten years later. By then, his great stage works had been produced, he had explored chromaticism in works like the violin sonatas and had written the perfect Dance Suite. There was a period in the mid-1920s of creative silence, but that difficult third quartet came after it, and shortly after the writing of his Piano Concerto No.1. The fourth string quartet followed swiftly in 1928 and the superb fifth in 1934. From 1936 to the onset of the second world war in 1939 saw Bartók write works like Music for Strings, Percussion and CelestaSonata for two Pianos and PercussionContrasts and the Violin Concerto No.2. His final quartet followed them. After this the composer made his sad exile to America, arriving at the end of October 1940.

In reviewing this particular cycle of quartets, I have paired each one with a favourite of mine from my shelves. I must report truthfully, that in all six cases, I preferred the studio recording with which I was making my comparison. Nonetheless,  I sincerely enjoyed the Stanislas’ accounts of the great works and was glad to have spent the week with them.

For String Quartet No. 1, I returned to the Takács Quartet in their acclaimed Decca recording which was made in the Summer of 1996. The Decca sound was always superb on these records and still sounds stunning to my ears. The Takács pace the long first movement with its grieving, yearning lines perfectly. Their tone is full and rich, and it fairly throbs with passion. Of course, we know that in writing this piece, Bartók’s relationship with Stefi Geyer had been broken off and he felt it deeply, evidently. The Stanislas Quartet paint an impassioned picture, full of heart and conviction. Laurent Causse isn’t afraid of using vibrato and the cello of Jean de Spengler takes the role of the aching heart to full effect. 

The first quartet is a work that moves from darkness to light. The second movement allegretto has plenty of twists and turns and it can feel quite episodic in some performances, which is what I experience here with the Stanislas. Although it is taken quite slowly, the pulse is at least maintained throughout, and the tonal polish is impressive. As they move into the finale, begun with musings on cello framed by an audience of excited upper voices, the Stanislas are in fine ensemble. When the rustic dance finally gets underway, there are some lovely touches and moments of genius. The Stanislas are not afraid to linger awhile and create some special effects. Bartók’s newfound compactness and tonal palette influenced by the French school is put to great use in this movement. The folk songs of the pentatonic Magyar style he had collected and was immersed in nightly can be heard undiluted, too. This finale of 1908 is surely the greatest single span of music Bartók had written up to this point in his life.

Accomplished as the performance by the Stanislas is, it cannot compete with the splendid Takács version of nearly thirty years ago. The airy sound, coupled with the faster pace of both second and third movements brings a focus I miss in the newer version. The stamping rhythms are wilder, too, and the tensions that bit more urgent. The overall playing time for the Takács is over three-and-a-half minutes quicker. 

The No.2 is perhaps Bartók’s most accessible string quartet. The format is three movements, like the first quartet, and it goes slow-fast-slow. I thought I would turn to the Tokyo Quartet on DG for this work. This was the first work they recorded in their award-winning cycle. It was recorded as long ago as 1975, although the complete set most of us first heard it on, was not seen until 1981. In this piece we hear the last echoes of Bartók’s late Romanticism. It is an impassioned, very personal work and I have always enjoyed the care and precision the Tokyo Quartet bring to it. They are expansive in tempi and bring great sensitivity to the outer movements. The older DG sound is a little dated now, but those of us who “found” these pieces with these players won’t grumble. Of course, since 1981 there have been plenty of versions of this quartet that are technically just as accomplished and rhythmically far more dramatic, I concede that the Quatuor Stanislas, in their oldest recording on the set from 2006 gives a red-blooded performance of this seminal work. There is a nice sway to the pulse in the first movement and a controlled build-up of tension. Bartók’s structure is not revolutionary, and the sonata principles are easily recognised. Thematically, it is easy to get a hold on, and those searching, reaching themes are thoughtfully phrased by these superb French musicians with some distinguished quartet playing in this first section. The earthiness of the spiky fast motifs in the scherzo is a real feature that the Stanislas accentuate. More alive and urgent than the old Tokyo Quartet reading, it will impress many, I am sure. They are also memorable in their sultry trio which doesn’t hang around too long. The final lento movement has that sad, wartime, nostalgic feeling that I hear in British works of the era composed in those days of the trenches. The Hungarians fought a gruelling campaign on the Eastern campaign in conditions just as awful as in the West. Bartók must have read daily about his compatriots on the Isonzo front and I hear this in his finale, a musical response perhaps akin to that penned by Vaughan Williams and others in those same times. This performance by the Stanislas is, I think, one of the finest on the records.

Bartók’s Quartet No. 3 is severe and uncompromising. It is written in a very compressed manner and most performances come in around the fifteen-minute mark. Although the music is seamless, you could divide it into four, I suppose, in a slow-fast-slow-fast arrangement. I pulled down an underrated set by the Hagen Quartet on DG made in two halves in the mid-to-late 1990s and issued (but not for long) by DG around 2000. Both groups are similar in prima parte but the Hagens are fleeter in the livelier seconda. The final coda is begun famously with sul ponticello bowing. Truthfully, though, there has been all manner of sound effects employed before that in this innovative work. It is all very intense and breathless. The Hagen gives it what it requires, capitalising on its modernity and their virtuosity is marked. The Quatuor Stanislas is recorded very closely in this work. The sonics certainly display the remarkable tonal spectrum the players create vividly, but it is all a bit too bright and full on. The thematic cells that Bartók writes in this work are often short and brief, just a few notes long. It is what he does with them that is so impressive. I appreciated hearing the motifs change and swell in Stanislas’ more measured reading of the turbulent seconda parta and the ensuing calmer ricapitulazione. The important inner voices are captured clearly, too. I have heard more fluent and exciting codas, however –  not least, I have to say, my comparative version.

Bartók’s fourth uses a five-movement arch structure of pleasing symmetry. I is mirrored by V, II by IV, with movement III being an example of the composer’s night music style. For maximum contrast in this work, I compared the Stanislas Quartett with the Emersons. Their DG recording won the Gramophone “Record of the Year” in 1989. It was one of the first CD sets I ever purchased. I remembered their No. 4 being fast and furious. The timing was only 21:22. Compare that with 25:31 on the newer record. 

These two middle quartets are easy to admire, but hard to love. The themes are stark and bare and the drive so hard at times. The first movement is uncompromising; I always feel battered by it. The second movement, a scherzo, is a relief but still uneasy listening – again, fast and unrelenting. The melodies are chromatically conceived and reveal their gifts under duress. When we arrive at the central plateau, it is with some relief. Jean de Spengler’s solo for the Quatuor Stanislas is as always full bodied and rich. This is the Bartók I love best. As we traverse the palindrome of the quartet down again, we next arrive at the second scherzo, written in pizzicato entirely. Finally, the springing, angular heavy rhythms of the first are echoed at the last. Like the Quartet No. 3, we are treated to vivid sound, up close. Ensemble is not quite as tight in the finale as in the earlier movements of the piece; notwithstanding, the group is committed and play the piece with total conviction.

The Emerson String Quartet, faster in all five sections of the work, never seems to be under any difficulty. Their sound is focussed, sharp and coloured. Their technique, admired so much at the time, is still hugely satisfying. Just listen to them in that spectral second movement – stunning playing. The engineered sound is wonderful, too. There must be many a music lover who got to know the quartets from this venerable set and it must surely be one of the Emerson’s best records.

For the majestic Quartet No.5, I have chosen to listen to the Stanislas alongside the most recent CD set of the quartets I own, namely the Jerusalem Quartet on Harmonia Mundi. In fairness, it is not that recent ; it was recorded in 2019 and its companion disc, four years before that. They are special versions of the works for me, though. The fifth quartet dates from 1934 and finds the composer in rude health, musically speaking. Here there is melody, colour, life and beauty of form. For many, including me, this is Bartók’s finest quartet. Moving like the fourth in an arch, this time fast-slow-scherzo-slow-fast.

The Stanislas Quartet performance dates from 2023. It is highly accomplished and vital in execution. The clever sonata style first movement is Beethovenian in its vision and intent, if not its “inverted” construction. The adagio is dreamy and tonally inspired. It gets a splendid run-through here, as fine as any. The central scherzo is marked alla bulgarese. It starts with charming arpeggios winging chirpily over a pizzicato cello line. The trio is genius; no one else in the twentieth century could possibly have written this music, infused as it with so many folk elements, juxtaposed with such rhythmic invention and harmonic wizardry. Dissonances and shades of night music haunt the atmospheric andante. The Quatuor Stanislas pace the piece slowly, allowing the chilly effects ample time to resonate and build gradually and it works well. It is a similar story in the last movement, composed on a large scale to mirror the first. It is really a huge rondo, but the intensity builds in a way Beethoven would recognise, I think. We might recall the journey Beethoven took us on in his fifth symphony maybe. Like Quartet No.2, this is one of the glories of the Stanislas Quartet’s cycle. The Jerusalem Quartet also play the work marvellously well. The refined sound stage we get from Harmonia Mundi is spacious and not boosted or highlighted in any way. It is one thing I love about the set. The whole cycle from this group is of the highest quality, very polished. Like the Stanislas, they do take their time to create their effects. I am sure, despite his quite literal markings in the score regarding tempi and timings, Bartók would have adored the finished results.

Bartók’s last string quartet did not arrive seamlessly. The time of its composition was a momentous one for all Europeans and also personally for the composer and his family. He lays himself bare in the work in a way he does not in any other quartet. It is a sad piece; in fact, each movement is prefaced with a motto entitled mesto developed differently each time. It is an emotionally deep work, and I hear a resigned withdrawal from the world in it, graded in stages as we move through each of its four movements. The last is utterly desperate. For my final comparison I selected the Belcea Quartet in their EMI set from 2007 to pit against the Stanislas. Timings are almost identical for the first three movements, but the Belcea Quartet are a good deal quicker in their finale. I really enjoyed the Stanislas Quartet again. I do hear some intonation issues, especially in this finale but the reading is touching and deeply felt. The EMI recording is well worth hearing too. The Belceas at the time were riding high and they are a crack unit technically. The sound is first rate, too.

All the performances by the Quatuor Stanislas end with applause. The audience are not too intrusive at all, the odd cough apart. There are occasional platform noises but nothing serious.  If you are looking to complement your existing library, though, and gain some fresh insights into these amazing works, you could do worse.

Philip Harrison