Henri Sauguet quatuors à cordes

Paru en février 2018

Timpani 1C1244

Quatuor Stanislas

Laurent Causse / Bertrand Menut violons

Marie Triplet alto

Jean de Spengler violoncelle

 

 

Le premier quatuor, commencé en 1927, achevé en 1941, et publié seulement en 1991 par Eschig, a déjà toutes les qualités de la musique de Sauguet, qui disait : « Être simple en usant d’un langage complexe n’est pas facile. Il faut écouter le conseil de Rameau qui prescrivait de cacher l’art par l’art même et croire avec Stendhal que seules les âmes vaniteuses et froides confondent le compliqué, le difficile avec le beau ».

Le deuxième quatuor (1948) est certainement le plus connu,  car il avait fait l’objet d’un enregistrement du Quatuor Parrenin dès 1954. Dédié à la mémoire de la mère du compositeur, il dégage un charme particulier, entre sourire et larmes, et la valse du troisième mouvement représente la quintessence de ce que la musique française a pu offrir de plus raffiné au XXème siècle.

Ecrit trente ans plus tard, le troisième quatuor présente un caractère plus épuré et abstrait, comme si Sauguet avait voulu prouver que lui aussi pouvait écrire une musique « sérieuse » !

 

 

 

Revue de presse: 

 

CLASSICA  ★★★★  (JUIN 2018)
Les trois Quatuors à cordes Quatuor Stanislas Timpani 1C1244. 2017. 1 h 17
Une fois encore, le Quatuor Stanislas, fondé à Nancy voici plus de trente ans, aura bien mérité de
la patrie en découvrant, après Ropartz, Thirion, Schmitt, Cartan, Emmanuel, des raretés françaises
du répertoire pour quatuor. Que connaît-on aujourd’hui de Sauguet dans le grand public ? Au
mieux son ballet qui donne de lui une image un peu « Groupe des Six », ce qui est
très réducteur. D’ailleurs, au cours de sa longue carrière, il a beaucoup évolué. Le
(1927, révisé en 1941) est ouvertement néoclassique, quoiqu’il ne s’agisse en rien d’un pastiche,
avec quelques influences sagement romantiques ou académiques. Le (1948),
qu’avait enregistré jadis le Quatuor Parrenin, est plus personnel, ouvertement autobiographique et
expressif puisqu’il s’agit d’une déploration sur la mort sa mère. Le est
particulièrement émouvant et réussi, et abandonne le style néoclassique au profit d’une écriture
très expressive et plus personnelle (mais à l’époque, une telle démarche commençait à devenir
inactuelle jusqu’à la provocation). Le (1978), dédié à la mémoire de son compagnon,
le peintre Jacques Dupont, est également un chant funèbre. Les trois mouvements adoptent des
schémas complexes, et une harmonie parfois plus tendue que jamais. Une oeuvre saisissante,
inquiète et pas si facile. Les Stanislas, une formation très homogène, ont effectué un beau travail
sur l’expressivité discrète et les impondérables du son et de l’harmonie.

JACQUES BONNAURE
Classica - samedi 30 juin 2018

QUOBUZ (mai 2018)

Henri Sauguet, dont le nom avait pratiquement disparu des affiches dès sa disparition en 1989, et qui traverse dorénavant une sorte de purgatoire dont on espère qu’il sortira bientôt, s’est penché par trois fois sur la forme du quatuor, dans trois âges différents et qui correspondent à autant de « périodes » : à vingt-six ans, dans l’essor d’un talent aisé et naturel, d’une écriture où prime l’instinct ; à quarante-sept ans, au sein d’une maturité approfondie ; enfin à soixante-dix-huit ans, dans un crépuscule dont chaque heure, au lieu de regretter la lumière du jour, s’émerveille des lueurs nocturnes. À chaque fois, il a gagné son pari, celui d’un art où les astuces de l’artisan semblent toujours plus maîtrisées, surtout dans le format si particulier du quatuor à cordes où l’artifice n’a guère sa place plutôt que la sincérité et l’âme de l’artiste. Loin de présenter une sorte de courbe renfrognée (comme c’est souvent le cas chez des compositeurs qui refusent d’accepter les changements de l’air du temps), l’évolution du Premier au Troisième Quatuor n’hésite pas à suivre bon nombre de modernismes, de l’insouciante et franche tonalité quasi mendelssohnienne du Premier de 1927 jusqu’au langage intense, frisant souvent l’atonalité, du dernier de 1979 écrit à la mémoire du compagnon de Sauguet, le peintre Jacques Dupont. En guise de pivot, le Second de 1948 est déjà une ample réflexion sur le deuil, en l’occurrence celui de sa mère disparue peu auparavant. L’excellent Quatuor Stanislas, basé à Nancy et dont la discographie atteint désormais la trentaine d’albums dont plusieurs ont obtenu les plus hautes distinctions, s’aventure ici dans un monde rare qu’il amène à nos cœurs avec passion. © SM/Qobuz

NEW YORK PUBLIC RADIO 

The Best New Classical Releases of May 2018

Like many composers, Henri Sauguet came to the string quartet at his most vulnerable. While his first is concise and breezy, betraying the whimsical influence of his teacher Erik Satie, the second was written 20 years later (in 1948) in response to the death of his mother, and the third (1979) after the death of his partner, the artist Jacques Dupont. For all the grief that inspired them, the later quartets are pervaded more by a sense of spiritual transcendence than fatalism. The second is centered around an endearing waltz that dissipates into an ethereal, harmonically ambiguous finale. The third picks up where the second leaves off, opening with haunting tremolos that, over its 25-minute duration, never fully solidify. The Stanislas Quartet, who traffic in 20th-century French repertoire, perform with a sensitivity and depth of feeling that, like the quartets themselves, invigorate the notion of loss with a renewed sense of life

MUSICWEB INTERNATIONAL (March 2018)

For those unfamiliar with the name Henri Sauguet, he was born in Bordeaux in 1901. It was at the instigation of Darius Milhaud that he moved to Paris in 1921, where he became closely associated with ‘Les Six’, becoming the ‘honorary’ seventh member. His music is, on the whole, tuneful, tonal and well-crafted, incorporating influences of the Montparnasse group, and seasoned with a dash of Satie and Stravinsky. Although his output was prolific, with operas, ballets, four symphonies, concertos, chamber, choral music, songs and film music to his name, his music is largely forgotten today with the possible exception of his 1945 ballet score Les Forains, one of over twenty he composed, whose subject is a travelling circus troupe. Forgotten Records have issued a couple of CDs featuring his symphonies, which I reviewed last year.

Sauguet composed three string quartets at significant milestones in his life - youth, middle and old age, aged 26, 47 and 78 respectively. This is their first outing in the studio, apart from a 1954 recording of No. 2 made by the Parennin Quartet and available on a 10-inch Vega LP, but not yet transferred to CD, so this new release is most welcome.

The First Quartet dates from 1927, though the composer put some finishing touches to the score in 1941. It was premiered by the Lespine Quartet. The aim of the opening movement is to charm and delight, with Sauguet serving up generous helpings of captivating melody. The whole movement is based on the motive of an ascending scale. A sprightly Scherzo follows, whose outer energetic sections frame a central trio, largely elegiac with traces of wistfulness and regret, perhaps hinted at by the choice of the F sharp minor key signature. The slow movement is the least successful, a yearning melody set against pulsating semiquavers. It gets a bit bogged down with the inspiration level slightly below par. The finale employs a confident fugue, and ends the work in positive mode.

No. 2 is the only one of the three to have gained some recognition, having one commercial recording to its name, as I have already mentioned. It’s a deeply personal work, composed in 1948 and dedicated to the memory of the composer’s mother who had died the previous year. The first movement paints a picture of her – chatty, engaging, cheerful yet with a wise, guiding hand. It’s an intimate movement where he mourns her passing. This sombre threnody reveals that the pain is still raw, with dissonant harmonies sounding like sobs. The beautiful pianissimo sonorities towards the end are reverential and prayerful. Yet, it is not all sadness, and in the third movement Sauguet recalls happy memories of times past in the Tempo di valse. The final movement once again echoes the sense of loss he is experiencing and hearkens back to the sentiments of the slow movement.

Loss and bereavement also lie at the heart of the Third Quartet; this time it was death in 1977 of his companion, the painter-decorator Jacques Dupont. Sauguet was 79 when he composed this, and his music had become more advanced, adventurous and daring. This time he structured the work in three movements. The restlessness and unease of the opener give the movement a loosely tailored construction, with no real centre of focus. The intimate slow movement is imbued with calm and serenity. The final movement is again, like the first, loosely tethered with a proliferation of motifs juxtaposed. There’s a wonderful, still calm to end the work.

This release should appeal to those, like myself, who have an interest in off-the-beaten-track French chamber music. The Quatuor Stanislas have an appreciable empathy for this music, and their well-recorded performances are rife with detail and overflow with ardent lyricism.

Stephen Greenbank